C’était un pylône en béton surmonté d’une plateforme sur laquelle était installé le système optique. Un garde-fou grillagé entourait le tout. Une échelle permettait d’accéder à cette plateforme pour les réparations d’usage. Cette échelle était en partie tronquée pour éviter que des curieux ne s’aventurent au sommet de la tour et se mettent en danger.
De nuit, le phare émettait régulièrement 1 éclat rouge et 3 éclats blancs suivis d’allumages rythmés de lumière blanche, signalant la lettre morse «X».Un habitant de la commune était habilité à allumer ce phare, à la demande des pilotes, relayée téléphoniquement par le commandant de l’aérodrome de Biarritz qui en avait la responsabilité.
Mais à quoi donc servait ce phare, ici à Cabanac ? Et où était-il situé ?
A la fin des années trente, l’aviation est en plein essor et des compagnies se créent pour transporter le courrier de jour, mais aussi de nuit. Nous nous souvenons de la plus illustre, l’Aéropostale de Mermoz et Saint-Exupéry. Mais il y avait aussi «Air Bleu» qui volait sur le territoire métropolitain et, peu avant la deuxième guerre mondiale, le réseau était bien tissé. C’est le prolongement de la route aérienne Le Bourget – Bordeaux vers Pau, avec escale à Mont-de-Marsan, qui a nécessité l’implantation de ce phare.
Car à l’époque, si les moyens de navigation sans visibilité commençaient à se généraliser, ils étaient fragiles et manquaient parfois de fiabilité. Par sécurité, la navigation de nuit se faisait également en se repérant à vue, mais par beau temps…en suivant des routes aériennes balisées de temps à autre par un phare. Oui, un peu comme pour les bateaux ! Et le phare de Cabanac jalonnait cette route aérienne vers Mont-de-Marsan, à la sortie de la zone de Bordeaux, pour éviter aussi les 8 immenses antennes de radio, hautes comme la Tour Eiffel, qui se situaient à Croix d’Hins, près de Marcheprime.
A 2,5 km du centre de Cabanac, sur la route de Villagrains, au lieu-dit Cantegrit, il y a un petit chemin qui part vers la gauche et au bord de ce chemin on voit aujourd’hui un pylône métallique supportant des antennes de téléphonie mobile. Le phare aérien était à peine plus loin, le long de ce chemin, dans une gravière qui n’existe plus. Le phare ne fonctionnait plus depuis longtemps, sans doute depuis la guerre, et il a été démonté à l’automne 1989 pour laisser passer une ligne électrique aérienne, maintenant enterrée.
Faisant des recherches sur les phares aériens, je sollicite votre mémoire, vos témoignages, vos photos peut-être, pour compléter ma documentation sur le phare aérien de Cabanac, qui jalonnait la route prestigieuse du courrier de nuit.
C’était il y a déjà plus de 70 ans !
Par François BALARD – Ancien « aiguilleur du ciel »
François BALARD
fmjbld@hotmail.com